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  Saboter le 3e pilier du régime de contre-révolution préventive

 

 Article de La Voce n. 33, novembre 2009

 

Qui sabote réellement les élections bourgeoises ? Qui empêche à la bourgeoisie et au clergé de faire des élections une campagne d'intoxication des consciences et de dissémination d'illusions, de renouveler et de renforcer avec les élections le lien des masses populaires avec les partis et personnages des classes dominantes ?

 

Pas celui qui se tient loin des campagnes électorales et laisse le champ libre aux partis, aux groupes et aux personnages de la bourgeoisie et du clergé.

Nous le sabotons ! Nous qui jetons un pavé dans la mare des partis, groupes et personnages de la bourgeoisie et du clergé partout où nous réussissons à arriver, où nous réussissons à mobiliser des forces pour arriver, où nous réussissons à orienter les éléments les plus avancés.

 

Les élections ne pèsent pas sur le rapport de force entre les classes, sauf dans la mesure où elles élèvent la conscience politique et l'organisation des classes opprimées, et les éveillent à participer plus activement et à un niveau supérieur à la bataille de classe.

Mais si c'est vraiment cela que nous réalisons avec les élections, alors nous retournons contre la bourgeoisie les élections avec lesquelles elle vise à duper et à neutraliser les masses populaires en les appelant toutes les quelques années à décider qui des représentants des classes dominantes doit gouverner le théâtre de marionnettes de la politique bourgeoise.

 

Contrairement aux autres aspirants révolutionnaires, nous pouvons nous servir desdites élections de la bourgeoisie pour réaliser cet objectif, parce que nous n'attendons pas que la révolution socialiste éclate un jour ou l'autre, par quelque combinaison de facteurs imprévisibles et sur lesquels de toute façon nous ne pouvons peu ou rien.

Nous construisons la révolution socialiste en créant un pouvoir au fur et à mesure plus ramifié,  qui se répand toujours plus loin, pénètre toujours plus au fond et devient toujours plus puissant, une direction au fur et à mesure plus influente du Parti sur les masses populaires qu'il mène à participer de manière plus efficace à la bataille de classe.

 

Nous construisons dans le pays le Nouveau Pouvoir fait d'organisations de parti et d'organisations de masses, reliées entre elles pour constituer un réseau qui oriente et dirige dans chaque domaine l'activité des masses populaires, en opposition avec les Autorités de la République Pontificale, avec les patrons, avec le clergé et avec leurs porte-paroles et agents, un réseau qui rend impossible la vie à la bourgeoisie et à ses agents.

 

Chaque campagne électorale nous offre occasions sur occasions d'élever la conscience et l'organisation des masses populaires, pour tisser la toile d'organisations autour des Comités du Parti. C'est dans cet objectif que nous devons l'utiliser !

 

Certains camarades sont convaincus que la bourgeoisie et le clergé, en exploitant la position sociale dont ils héritent et le rôle que le système capitaliste de relations sociales leur confère, réussissent inévitablement à duper les masses populaires, à conquérir et à contrôler leurs sentiments et leurs esprits.

Mais ce n'est pas vrai. La bourgeoisie et le clergé peinent à contrôler les esprits et les coeurs des masses populaires. L'expérience pratique engendre dans les masses populaires des poussées continues à la rébellion et mille raisons d'insatisfaction.

 

Lorsque le mouvement communiste était fort, c'est-à-dire lorqu’il dirigeait l'activité d'une partie importante des masses populaires, même l'Église avait dû "s'ajourner", se déplacer à gauche pour ne pas perdre tout crédit et adepte et continuait à le perdre egalement. Le Concile Vatican II, annoncé en janvier 1959 et entamé en octobre 1962, fut la synthèse de cette tentative de l'Église Catholique.

 

La bourgeoisie et le clergé réussissent à contrôler le coeur et les esprits des masses populaires, seulement lorsque nous communistes, ne présentons pas aux masses populaires une voie réaliste d'émancipation, sommes inconnus des masses populaires, ne les rejoignons pas avec nos appels et nos mots d'ordre ou nous présentons nous mêmes pleins d'hésitations et de doutes, incertains sur quoi faire, sans conviction et certitude dans notre victoire, incapables d'actions.

 

Mais peut-être que nous, communistes, devons afficher en public une sûreté et une connaissance des choses que nous n'avons pas ? Pas du tout ! Au contraire nous devons approfondir les questions sur lesquelles nous n'avons pas une connaissance adéquate à l'action nécessaire et une ligne bien définie et sûre sur ce qu'il faut faire. Le Parti communiste est un contexte d'organisation et moral qui permet de le faire. Il n'est pas de cas qu'en principe les individus hésitants et pleins de doutes, sont les mêmes personnes qui ont peu ou aucun esprit de parti ou même des individus antiparti.

 

Ou bien lorsque nous, communistes, présentons une émancipation faite seulement de bavardage qui renvoie toujours les faits à demain.

Après avoir laissé instaurer dans notre pays la République Pontificale malgré les forces accumulées pendant la bataille clandestine contre le fascisme et pendant la Résistance, les révisionnistes modernes ont continué pendant vingt ou trente ans à promettre le socialisme pour le futur proche, à répéter leurs vides formules marxistes et renvoyer chaque jour les faits à demain.

C'est seulement après des années et des années de semblables tergiversations et après qu'ils se soient abaissés à collaborer avec la bourgeoisie dans la répression des mouvements révolutionnaires et en particulier des Brigades Rouges, que les soi-disants communistes ont perdu le cœur et les esprits des masses populaires, et la bourgeoisie et le clergé ont alors pris le dessus.

 

Sans la création du Nouveau Pouvoir, les campagnes électorales sont inutiles et ce n'est que dans des circonstances exceptionnelles que les communistes ramassent beaucoup de votes.

 

Dans le contexte de la création du Nouveau Pouvoir, par contre, même les campagnes électorales sont précieuses. Elles balayent un des piliers du régime de contre-révolution préventive (Manifeste Programme du (n)PCI, pag. 51) sur lequel repose la République Pontificale : "développer les canaux de participation des masses populaires à la bataille politique bourgeoise en position subordonnée, derrière ses partis et ses représentants".

Elles créent des organisations autonomes des masses populaires liées aux Comités de Parti et élèvent la conscience politique des masses populaires jusqu'à concevoir un pays gouverné par ces mêmes masses populaires organisées, sans patrons, jusqu'à aspirer à le créer et se convaincre d'être capable de le créer.

Et les idées révolutionnaires, si elles sont justes, deviennent lorsque elles pénètrent dans les masses une force qui transforme le monde, et les hommes font l'histoire selon leurs aspirations.

 

La crise economique du capitalisme a déjà effrité le second pilier du régime de contre-révolution préventive : "satisfaire les demandes d'améliorations pratiques, économiques que les masses populaires réclament avec le plus de force". Notre irruption dans la bataille politique bourgeoise, si elle est bien menée, fêlera sérieusement le troisième. L'affaiblissement du régime de contre-révolution préventive crée les conditions favorables pour le renforcement du Nouveau Pouvoir populaire.

 

Rosa L.