La CP et la campagne électorale en cours en Italie (2001)

sabato 6 gennaio 2007.
 

La CP et la campagne électorale en cours en Italie

Dans le n. 6 de La Voce de Novembre dernier, la Commission Préparatoire (CP) du congrès de fondation du (nuovo)Partito comunista italiano (nouveau Parti communiste italien) a lancé à la gauche des Forces Subjectives de la Révolution Socialiste (FSRS) légales italiennes l’appel à s’unir en un "Front pour la reconstruction du parti communiste" et à se présenter sous cette dénomination aux élections politiques (que la bourgeoisie aurait annoncées peu de temps après) "pour lier un nombre majeur de travailleurs avancés et de membres avancés des masses populaires (femmes et jeunes en premier lieu) au travail de reconstruction du parti et pour créer entre les masses populaires un terrain plus favorable au travail de reconstruction du parti communiste".

Cet appel en Italie a rencontré le consensus de certaines FSRS mais surtout le consensus d’un certain nombre de travailleurs avancés, qui en ce moment, sous la dénomination de Front Populaire pour la reconstruction du parti communiste (FP-rpc) mènent une campagne électorale (les élections auront lieu le 13 Mai 2001). L’initiative de la CP a soulevé en Italie et à l’étranger aussi diverses objections de la part d’organisations et de partis communistes. Nous ne sommes pas indifférents aux objections des FSRS et en général des communistes, en Italie comme à l’étranger. Au contraire ! Nous ne prétendons pas avoir raison au nom d’un charisme mystérieux doué du don de l’infaillibilité ; nous ne cherchons pas non plus à discuter seulement avec ceux qui a priori sont déjà d’accord avec nous ; nous ne lançons pas non plus d’anathèmes contre ceux qui pensent que nous nous trompons sur cette question. Au contraire la situation du mouvement communiste est telle qu’il faut discuter et évaluer avec beaucoup de patience et de modestie. A notre avis, avec les autres FSRS italiennes nous avons en commun la tâche de reconstruire le parti communiste et avec les partis et les organisations communistes du monde entier nous avons en commun la tâche de faire renaître le mouvement communiste : à cause de ces liens, nous nous sentons obligés d’expliquer les raisons pour lesquelles nous avons pris cette initiative ; en même temps, nous demandons à ceux qui ont des objections de nous exposer leurs motivations. Nous avons décidé de lancer cet appel après des analyses et des motivations précises, qui font partie du bagage des communistes et qui sont vérifiables dans la pratique et avec l’expérience.

L’initiative de la CP fait partie du plan pour la reconstruction du parti communiste que la CP a plusieurs fois et en différents contextes illustré et qu’elle est en train de réaliser avec un effort particulier pour faciliter la participation et la collaboration du plus grand nombre de FSRS, d’ouvriers avancés et de membres avancés des autres classes des masses populaires, dans sa mise en œuvre et sa vérification. Dans cette initiative, nous avons essayé d’appliquer le matérialisme dialectique et nous invitons par conséquent chaque communiste et chaque organisation à en faire autant, en approchant l’analyse de la situation concrète en Italie, - comment la lutte est menée ces mois-ci pour la reconstruction du parti communiste - ainsi que l’analyse de chaque initiative qui est prise pour la diriger avec efficacité et dans les plus brefs délais, c’est-à-dire de suivre la méthode du matérialisme dialectique et selon l’expérience et la théorie du mouvement communiste. C’est de la démagogie ou de la naïveté d’évaluer notre initiative en dehors du plan dont elle fait partie. Les organisations et les camarades qui évaluent notre initiative en faisant abstraction du plan de reconstruction du parti communiste dont elle fait partie ou ils ignorent la méthode matérialiste dialectique selon laquelle chaque chose est évaluée dans sa connexion avec son contexte ou ils pèchent par démagogie, par conséquent ils s’indignent bruyamment à propos de la violation d’un lieu commun de l’extrémisme de gauche (le manque d’intérêt pour les élections ou l’abstentionnisme de principe) pour cacher leur désaccord à l’égard de notre plan de reconstruction sur lequel ils n’osent pas se prononcer ouvertement et analytiquement.(1)

En Italie, la reconstruction du parti communiste, c’est aujourd’hui le centre de l’affrontement entre classe ouvrière et bourgeoisie impérialiste. Seul la reconstruction du parti communiste et son renforcement, jusqu’à en faire l’avant-garde organisée de la classe ouvrière, rendront à nouveau la classe ouvrière protagoniste de l’affrontement politique, c’est-à-dire de l’affrontement pour le pouvoir de l’État. Celui qui, aujourd’hui, se donne un autre objectif principal que celui de la reconstruction du parti communiste, disperse ses forces et ses ressources et favorise la diversion. Sans la reconstruction du parti communiste, toute volonté de développer sur une large échelle la lutte de revendication et la défense des conquêtes de civilisation et de bien-être arrachées dans le contexte de l’ancien mouvement communiste, est une illusion. Donc l’idée de construire le nouveau parti communiste comme résultat et produit d’une reprise sur une large échelle du mouvement revendicatif des masses, chez certains, c’est une illusion et, chez d’autres, une façon pour mettre de côté la constitution du parti.

Le nouveau parti communiste doit être constitué avec une lutte qui unit tout ce qu’on peut tirer d’adéquat au parti des FSRS actuelles, des ouvriers avancés actuels et des éléments avancés actuels des autres classes des masses populaires. Ce serait une erreur de déléguer à des évènements futurs non précisés la constitution du parti, qui est au contraire le facteur clef et indispensable pour diriger les évènements futurs vers l’instauration du socialisme.

En Italie existent plusieurs organisations, publiques comme clandestines, qui recrutent, organisent et dirigent leurs membres dans des actions au nom de la lutte pour le communisme. Nous les appelons des Forces Subjectives de la Révolution Socialiste (FSRS) et la CP est née d’elles. Chaque FSRS a des conceptions, des objectifs, des méthodes de travail et des lignes plus ou moins organiquement et explicitement définis. Tout cela constitue son "aspect idéal". Dans une large mesure, les conceptions, les objectifs, les méthodes de travail et les lignes actuelles des FSRS sont arriérés aussi par rapport à l’expérience et au patrimoine théorique de l’ancien mouvement communiste : ils reflètent les effets de la longue domination du révisionnisme moderne et de la défaite à laquelle il a conduit le mouvement communiste. Ils sont encore plus arriérés vis-à-vis de ce qui est nécessaire pour être à la hauteur des tâches que l’actuelle situation révolutionnaire en développement demande au mouvement communiste. L’aspect idéal de chaque FSRS est fondamental vis-à-vis de son rôle spécifique dans la reconstruction du parti communiste, mais secondaire encore aujourd’hui en son recrutement. L’adhésion à l’une ou à l’autre organisation pour la plupart des membres au début est liée au hasard, tel est encore la confusion. Ceci constitue la faiblesse de chaque FSRS comme la condition de sa contribution potentielle à la reconstruction du parti. L’aspect arriéré des conceptions, des objectifs, des méthodes et des lignes de chaque FSRS se traduit et se révèle dans les oscillations, les incertitudes et les incohérences de ses mots d’ordre et de ses initiatives et dans le fait que la plupart de ses adhérents la quittent à brève échéance, engendrant un renouvellement d’autant plus rapide que ses dimensions sont grandes. Dans chaque FSRS se déroule, souvent sans que ses membres se rendent compte, une lutte entre deux tendances opposées : d’un côté il y a la tendance vers le communisme et donc vers le parti communiste, de l’autre côté il y a la tendance à devenir une expression organique de l’une ou de l’autre des formes du révisionnisme moderne et de l’hégémonie idéologique de la bourgeoisie. Cette lutte est en cours en chaque FSRS. Par conséquent, ceux qui luttent d’une façon correcte pour la reconstruction du parti communiste possèdent des alliés à l’intérieur de chaque FSRS. Malgré leurs limites, les FSRS représentent ce qui reste du mouvement communiste en Italie, en tant que mouvement conscient et organisé. Elles sont aussi l’expression plus avancée de la résistance que les masses populaires opposent contre la progression de la crise du capitalisme. Le nouveau parti communiste peut naître seulement à travers la séparation au sein des FSRS et dans chaque FSRS, entre ce qui se transforme et progresse et devient communiste et ce qui refuse la transformation, régresse et ira dans le camp de la bourgeoisie impérialiste. C’est un cas concret de la loi : le "un" se divise en "deux". La lutte que nous menons et que chaque communiste doit mener sur le front des FSRS consiste dans l’élaboration, la délimitation, le renforcement et la concentration de ce qui est conforme au patrimoine du mouvement communiste et adéquat à ses tâches, en le séparant de ce qui ne l’est pas et en s’y opposant pour l’abandonner et l’expulser. C’est un principe qui dirige chaque aspect du travail sur le front des FSRS et qui permet de comprendre les lois de ce travail. Chacun doit conduire ce travail sous différents plans : élaboration du programme du futur parti communiste, critique des conceptions erronées ou arriérées, expériences communes de travail de masse et bilan commun des expériences, activité de construction de l’organisation, de propagande et de recrutement cohérent avec la priorité de l’objectif de la reconstruction du parti.

Le bilan de la première vague de la révolution prolétarienne, des grands succès et de la défaite du mouvement communiste ; la théorie de la crise économique par surproduction absolue de capital et des Formes Antithétiques de l’Unité Sociale (FAUS) comme caractéristiques économiques de la société bourgeoise dans la phase impérialiste ; la contre-révolution préventive (2) comme caractéristique du régime politique des pays impérialistes ; le marxisme-léninisme-maoïsme comme théorie guide ; la guerre populaire révolutionnaire de longue durée comme voie à la révolution socialiste dans les pays impérialistes et la lutte entre les deux lignes comme principes d’organisation du parti ; la ligne de masse comme méthode principale du parti dans son travail de mobilisation et de direction ; la seconde crise générale du capitalisme en cours à partir du milieu des années 70, la résistance des masses populaires contre la progression de la crise générale du capitalisme, la mobilisation réactionnaire et la mobilisation révolutionnaire des masses populaires comme des développements contrastants de la crise générale du capitalisme, la situation révolutionnaire en développement comme contexte où pendant ces années nous menons notre lutte pour le socialisme ; la définition de l’objectif principal de cette phase, des conditions à créer pour la constitution du parti communiste et de sa ligne générale ; l’analyse de classe de la société italienne ; (3) la ligne "faire de chaque lutte revendicative une école de communisme" contre les tendances économistes respectueuses de la légalité comme contre les tendances militaristes ; la synthèse de tout ceci dans le Projet de Manifeste Programme du futur parti édité par le Secrétariat National des CARC (Comitati d’Appoggio alla Resistenza - per il Comunismo) en Octobre 1998 ; la constitution en 1999 de la Commission Préparatoire (CP) du congrès de fondation du parti ; la définition de la "septième discriminante" (le nouveau parti communiste doit être clandestin) ; le débat en cours pour l’élaboration du texte de Manifeste programme à soumettre au congrès de fondation ; le démarrage de la constitution des comités clandestins du parti : voilà les éléments principaux du travail accompli jusqu’à maintenant sur le front des FSRS pour la reconstruction du parti communiste, sur lequel se fonde notre plan pour la reconstruction du parti communiste (le plan en deux points). (4)

La bourgeoisie impérialiste essaie de casser cette lutte à coups d’intimidation mélangés avec de la confusion. L’intimidation consiste en mille vexations de tout genre : amendes pour "presse clandestine", pour affichage et d’autres activités de propagande, perquisitions, arrestations, identifications, saisie de matériel, dénonciations, signalisation publique au poste de travail ou d’habitation en tant que "terroriste", licenciements et persécution au travail. La manifestation la plus éclatante de l’intimidation a été l’instruction pénale rendue publique le 19 Octobre 1999 et toujours en cours à charge de 88 camarades des CARC et d’autres FSRS pour "association subversive".(5) Côté confusion, nous trouvons le soutien donné sous différentes formes par la bourgeoisie aux déviations militaristes et économistes présentes parmi les FSRS ; une campagne de désinformation avisée et articulée autour de l’activité et des objectifs des FSRS engagées dans la reconstruction du parti communiste, en particulier contre les CARC : dans cette campagne la reconstruction du parti communiste est présentée aux masses comme une seule et même chose avec le militarisme. (6)

L’appel, que la CP a lancé en novembre 2000 à se rassembler dans un unique front et à participer à la campagne électorale, est adressé à cette partie des FSRS publiques (légales) qui reconnaît que la reconstruction du parti aujourd’hui est sa tâche principale (c’est-à-dire à la gauche des FSRS légales), pour que, dans le contexte des Six Lignes de démarcation (7) elles établissent entre elles un rapport basé sur cette tâche et qu’elles appellent ensemble à collaborer à cet objectif les travailleurs avancés, profitant de l’intérêt suscité pour les problèmes politiques et des canaux que la bourgeoisie impérialiste crée pour ses intérêts à l’occasion d’une campagne électorale. Le programme que le FP-rpc diffuse pour sa propagande pendant la campagne électorale est représenté par les Dix Mesures pour instaurer le socialisme. (8)

Pour conclure, l’appel de novembre est un appel aux FSRS pour se coaliser contre l’économisme qui néglige ou met au deuxième plan la politique révolutionnaire et la lutte pour le communisme, comme contre le militarisme, pour qui la bourgeoisie impérialiste peut empêcher la classe ouvrière de mener une politique révolutionnaire et par conséquent cette politique est réservée seulement à des petits groupes de révolutionnaires et elle consiste principalement en attentats. C’est donc un appel à se transformer et à réunir plus de travailleurs possibles autour de l’objectif de la reconstruction du parti.

L’autre front du travail pour la reconstruction du parti communiste est constitué en effets par les éléments avancés des autres classes des masses populaires. Il s’agit de travailleurs, de jeunes et des femmes au foyer qui ont un rôle en quelque mesure actif et dirigeant par rapport à leurs propres camarades de travail, d’école, d’habitation, etc. pour ce qui concerne la résistance que les masses populaires sont en train d’opposer contre la progression de la crise générale du capitalisme, contre les mesures imposées par la bourgeoisie impérialiste, contre la dégradation qu’elles engendrent dans chaque aspect de la vie des masses, contre la nouvelle propagation de la barbarie capitaliste même là où le mouvement communiste avait fait un peu de ménage et contre l’élimination des conquêtes de civilisation et de bien-être arrachées par les masses populaires dans le contexte de l’ancien mouvement communiste. En Italie, les ouvriers avancés et les éléments avancés des autres classes des masses populaires sont nombreux, mais en ce moment ils sont encore désorientés et dispersés parmi les masses. La bourgeoisie impérialiste à travers ses différentes structures politiques, économiques et culturelles essaye de les corrompre, de les asservir ou de les réprimer. Ils sont une source inépuisable d’énergies et ressources pour le parti communiste, renouvelée en continuation par les masses populaires à travers les mécanismes objectifs de la vie sociale. Le nouveau parti doit être l’avant garde organisée de la classe ouvrière qui dirige le complexe des masses populaires et donc doit réunir dans ses rangs la plupart des éléments avancés des masses populaires. Pour construire le parti communiste, les FSRS doivent par conséquent réunir et apprendre à réunir les ouvriers avancés et les éléments avancés des autres classes des masses populaires qui sont déjà disponibles à se lier en quelque sorte au parti communiste et au travail pour sa construction. Il s’agit de partir de l’expérience pratique des éléments avancés, de partir du rôle qu’ils jouent déjà en quelque sorte et de leur montrer 1. que les difficultés rencontrées dans la mobilisation contre la bourgeoisie impérialiste et dans l’organisation des camarades viennent principalement de leur dispersion, de leur isolement, de leur agir en ordre éparpillé, individuellement et sans préparation, 2. qu’ils peuvent mieux jouer leur rôle s’ils se lient davantage à la reconstruction du parti communiste. Comme exemple du discours fait par le FP-rpc pendant la campagne électorale, nous joignons l’éditorial du n.4/2001 du mensuel Resistenza. (9)

Pour conclure, la campagne électorale que nous avons promue a la tâche de renforcer la gauche des FSRS, de réunir le plus grand nombre d’éléments avancés des masses populaires autour de la tâche de la reconstruction du parti, de créer dans les masses populaires un terrain plus favorable à la reconstruction du parti.

Dans le milieu des FSRS italiennes, les opposants envers notre initiative sont de deux sortes. Certains soutiennent qu’il ne faut pas s’occuper de la campagne électorale, d’autres qu’il faut faire de la propagande pour l’abstention. Les premiers laissent les travailleurs avancés et les masses en général à la merci de la droite bourgeoise qui pousse pour la mobilisation réactionnaire des masses et de la gauche bourgeoise (le centre gauche) qui va à la remorque de la droite et qui essaye de subjuguer les masses en demandant "une voix contre la droite". Les secondes se partagent entre abstentionnistes de principe et réformistes. Les abstentionnistes de principe diffusent une espèce de parlementarisme à l’envers (ils placent dans l’augmentation des abstenus les illusions transformatrices que les "parlementaristes" placent dans l’augmentation des voix) qui est pire que le parlementarisme même (parce qu’il ne rassemble pas et ne mobilise pas les masses vers l’activité politique, mais les désagrège et les éparpille encore davantage). Les réformistes font la propagande pour l’abstention comme forme de pression sur les partis de la gauche bourgeoise et donc confirment la subordination des masses et la leur à la gauche bourgeoise.

Le manque d’intérêt pour les élections et la campagne pour l’abstention sont, dans les conditions que nous venons de décrire, vis-à-vis de l’initiative que nous avons proposée, des armes moins efficaces pour combattre dans les FSRS l’économisme et le militarisme, comme pour détacher les éléments avancés des masses populaires de l’hégémonie de la bourgeoisie et les mobiliser et les réunir autour de la reconstruction du parti communiste et autour de la lutte pour la révolution socialiste. Qu’une campagne comme celle que nous avons illustrée ne crée pas dans les masses de nouvelles illusions et une nouvelle confiance dans les élections annoncées et dirigées par la bourgeoisie impérialiste, c’est-à-dire que cette campagne n’arrête pas la crise du régime politique de la bourgeoisie, c’est évident, parce que la crise politique est produite principalement par la crise économique du capitalisme et aussi parce que dans la campagne électorale nous appelons à se mobiliser et à s’organiser pour la révolution socialiste, et non pour l’activité parlementaire : celui qui vote pour nous sait qu’il ne donne pas "un vote utile" pour les équilibres parlementaires. Certains nous objectent qu’une campagne électorale amène de la corruption dans nos rangs, parce qu’elle va attirer parmi nous des gens encore convaincus de l’utilité de l’activité parlementaire et des élections. Ceci serait un risque inacceptable si notre initiative n’était pas précédée par le travail pour la reconstruction du parti communiste dont nous avons indiqué plus haut les éléments principaux. En particulier, la constitution de la CP clandestine et la persécution de la bourgeoisie rendent ce risque acceptable vis-à-vis des avantages que la campagne électorale nous apporte. A l’objection que notre initiative a porté préjudice sur le plan électoral à la gauche bourgeoise et particulièrement au Parti de la Rifondazione Comunista (PRC), c’est-à-dire que le vote pour nous n’est pas "un vote utile", nous avons déjà répondu en soutenant que la reconstruction d’un vrai parti communiste est aujourd’hui la clef indispensable aussi pour une amélioration des conditions des masses populaires, tandis que la gauche bourgeoise n’arrête pas d’adopter et de réaliser le programme de la droite et, avec son action anti-populaire et avec la corruption des anciennes organisations des masses, accroît parmi les masses mêmes le dégoût et la déception envers la gauche bourgeoise augmentant les partisans de la droite. A l’objection que nous ne sommes pas assez enracinés à l’intérieur de la classe ouvrière et des masses populaires pour obtenir un succès aux élections (c’est-à-dire pour ramasser les signatures et les ressources nécessaires pour déposer les listes électorales et encore moins pour avoir des élus : pour ceci il faut obtenir minimum un million de voix) nous répondons que nous menons notre campagne électorale justement parce que nous ne sommes pas encore assez enracinés à l’intérieur de la classe ouvrière. Le FP-rpc probablement va ramasser seulement quelques milliers de signatures, en tout cas un nombre insuffisant même pour le dépôt officiel des listes qui permettrait de figurer dans les bulletins de vote. L’objectif de notre campagne aujourd’hui ne consiste pas dans le nombre de signatures ou de voix ramassées, mais dans le renforcement de la gauche des FSRS, dans le nombre d’éléments avancés réunis autour d’un travail de reconstruction du parti et dans une attention et une sympathie plus grandes vis-à-vis de ce travail de la part des masses.

Cependant, c’est de la démagogie ou de la naïveté de réduire les divergences entre les FSRS, légales et clandestines, aux questions de la construction du Front et de la participation aux élections, comme se limitent à faire certains "objecteurs". Avec la plupart des FSRS italiennes il faudrait d’abord parler d’autre chose ! L’appel à constituer le Front pour la reconstruction du parti communiste (FP-rpc) et à participer à l’actuelle campagne électorale suppose en effet un certain accord avec le plan de construction du parti indiqué à grands traits plus haut. Les divergences parmi les FSRS aujourd’hui sont bien plus profondes.

Nous avons déjà souligné (p. ex. avec l’opuscule Martin Lutero , Octobre 1999) la position des nouvelles Brigades Rouges pour la construction du parti communiste combattant (nuoveBR-PCC), qui soutiennent ( Comunicato du 20 Mai 1999) que le centre de l’affrontement entre classe ouvrière et bourgeoisie impérialiste aujourd’hui n’est pas dans la reconstruction du parti communiste, mais dans un "projet politique néo-corporatif" que la bourgeoisie impérialiste essaie d’imposer avec l’aide des syndicats de régime et des organisations reliées (zone du centre gauche). A notre connaissance, les nuoveBR-PCC jusqu’à présent restent dans l’opinion que la tâche des communistes dans cette phase, c’est de faire échouer ce fameux "projet politique néo-corporatif" à travers des attentats contre ses principaux promoteurs. De l’autre côté certaines FSRS donnent des versions très erronées des tâches des communistes dans cette phase. Certaines (p.ex. la zone Coordinamento Comunista dont font partie Rete dei comunisti, Movimento per la Confederazione dei Comunisti, Su la testa-altra Lombardia, Coordinamento comunista napoletano, Associazione Culturale "Il Lavoratore" de La Spezia, la revue Contropiano) soutiennent que la clef pour changer le rôle de la classe ouvrière dans le mouvement politique en Italie se trouve dans le développement d’un grand mouvement revendicatif de masse ; et, pour elles, il serait possible de développer un tel mouvement même en l’absence d’un vrai parti communiste et que le parti pourrait se constituer seulement comme couronnement de ce grand mouvement revendicatif de masse. Très proches de celles-ci sont les FSRS (comme p. ex. MPA, Inchiesta Operaia, AsLO, etc.) qui soutiennent que les FSRS et les communistes dans cette phase doivent réunir les ouvriers avancés en des "coordinations ouvrières" (nationales ou internationales) qui s’occupent des intérêts immédiats (économiques, syndicaux, bref revendicatifs) des ouvriers en essayant d’impliquer les mêmes ouvriers dans des luttes revendicatives pour réaliser ces intérêts immédiats. D’autres FSRS combinent d’une autre façon la constitution du parti et les luttes syndicales. P. ex. Rossoperaio (adhérent au MRI) vient de publier ses Thèses programmatiques (grosso modo cohérentes avec son activité pratique) où il affirme 1. Qu’actuellement dans les pays impérialistes la bourgeoisie jouit de conditions de relative stabilité et que le prolétariat des EU, de l’Allemagne et du Japon (et probablement des autres pays impérialistes) constitue une gigantesque aristocratie ouvrière, 2. qu’en Italie les ouvriers ne peuvent compter sur aucune autre classe susceptible de devenir leur alliée contre la bourgeoisie impérialiste, en s’appuyant sur ses intérêts matériels, d’ici à l’instauration du socialisme, 3. que la lutte politique de la classe ouvrière se traduit en un affrontement des ouvriers avec les appareils de l’État et, en attendant de pouvoir s’affronter militairement avec l’État, avec les réformistes, 4. que, tant que les ouvriers ne sont pas prêts à l’affrontement, c’est aux communistes ou aux "mouvements d’autres classes" de soutenir l’affrontement en jouant le rôle des ouvriers, 5. que le parti communiste mène les ouvriers à l’affrontement en transformant leurs luttes syndicales en lutte politique.

C’est évident qu’avec les partisans de ces conceptions-là, distinctes entre elles mais toutes ayant comme dénominateur commun, à des degrés divers, une combinaison de militarisme et d’économisme, il est difficile de parler de campagne électorale. Les divergences sont en amont et c’est de celles-ci dont il faut discuter. Notre proposition est adressée à la gauche des FSRS, c’est-à-dire à la partie qui retient que la tâche principale d’aujourd’hui c’est la reconstruction d’un parti qui tienne compte pleinement de l’expérience et du patrimoine du mouvement communiste et qui soit à la hauteur des tâches que la nouvelle situation révolutionnaire en développement nous pose maintenant.


NOTES

1. Le record de la démagogie appartient à Arénas, le secrétaire du PCE(r). Dans le n. 5 de La Voce (Juillet 2000), nous avions critiqué la tendance à "se réfugier derrière les déclamations de principes sans affronter l’analyse concrète des conditions concrètes de la renaissance du mouvement communiste et en particulier de l’accumulation des forces révolutionnaires dans les pays impérialistes dans cette phase" et nous avions critiqué les camarades qui attribuent aux conditions objectives la responsabilité de leur persistant et même croissant isolement des masses qui dérive au contraire de la tactique erronée embellie de ces vides déclamations de principes en la faisant correspondre avec la réalité à travers de fantaisies (comme p. ex. les dix millions de travailleurs qui boycotteraient le régime espagnol, inventés par les rédacteurs de Resistencia n. 48 le lendemain des élections politiques espagnoles de l’an 2000). Justement Arénas s’est senti concerné, lui aussi, par ces critiques. Sa réponse, dans le n. 53 de Resistencia , à la place d’affronter clairement et nettement ces critiques, les liquide en déclamant que "aujourd’hui tout est plus clair [en se référant à notre vraie nature, nous qui avons osé le critiquer] ... dans le dernier numéro (n. 6) de La Voce , ils publient leur plan ’de constituer le front pour la reconstruction du parti communiste qui participe aux élections politiques du 2001’!" (page 41). Il faut tenir compte qu’Arenas en 1996 a géré les négociations entre le PCE(r) et le gouvernement d’Aznar qui auraient dû emmener Aznar à démocratiser le régime espagnol et qu’aux élections au Pays Basque en Octobre 98 et après aux élections (européennes) en Juin 99 le PCE(r) a participé aux campagnes électorales en donnant même l’indication de voter pour la coalition électorale indépendantiste basque Euskal Herritarrok (en cette période ETA à son tour était en train de négocier avec le gouvernement de Aznar). Il est évident donc combien démagogique est l’actuelle indignation d’Arenas envers notre tactique : de cette façon, il peut se dispenser de prendre en considération les conditions concrètes dans lesquelles, en Italie, nous menons la lutte pour la reconstruction du parti. En plus lui-même, dans la relation présentée au IV congrès du PCE(r) (justement dans le passage reporté à la page 41 dans Resistencia n. 53), il dit que, dans la tactique, il faut garder le maximum de liberté. C’est la confirmation de comment un bon principe répété par cœur comme un verset de la Bible peut s’accompagner des prises de position les plus erronées, chez des camarades qui, les principes, ne les utilisent pas pour faire l’analyse concrète de la situation concrète.

2. Dans son activité politique, la bourgeoisie est passée de la démocratie bourgeoise (un État qui fonde sa propre légitimité sur les droits du citoyen et inspire sa propre action à leur respect en conformité avec les lois) à la contre-révolution préventive (un État qui fonde sa propre légitimité sur la sécurité nationale et en son nom se positionne au-dessus des droits de ses citoyens et de ses mêmes lois). C’est le passage clairement indiqué en 1895 par F. Engels (Introduction à Les luttes de classe en France de 1848 à 1850 ). Ce passage de la bourgeoisie se réalise vers la fin du XIX siècle, à fur et à mesure que le capitalisme rentre dans la phase impérialiste (capital monopolistique et financier), la bourgeoisie prend entièrement en main les affaires politiques dans les pays plus avancés et le mouvement communiste devient la principale menace pour son pouvoir. Le passage s’achève avec la première guerre mondiale (1914-1918).

3. L’analyse de classe de la société italienne, donnée dans le Progetto di Manifesto Programma, c’est grosso modo la suivante :

 

bourgeoisie impérialiste : 6 millions

classe ouvrière : 17 millions

prolétaires non ouvriers

(fonctionnaires, salariés d’entreprises

non capitalistes, personnel domestique) 19 millions

prolétaires (leur survie dépend

complètement de la vente

de leur force de travail) : 36 millions

=========

Prolétaires : 36 millions

classes populaires non prolétariennes

(travailleurs autonomes, petits propriétaires,

cadres de niveau inférieur) : 15 millions

masses populaires : 51 millions

_________________________________ =========

(source: Progetto di Manifesto Programma del (nuovo)Partito comunista italiano,

Octobre 1998)

 

4. Le plan en deux points pour la reconstruction du parti communiste : 1. élaboration du Manifeste Programme du parti, 2. constitution des comités clandestins provisoires (territoriaux et fonctionnels) qui participent à l’élaboration du programme et envoient des délégués au congrès de fondation.

5. Pendant la séance du 17 Janvier 2001 de la Commission Parlementaire Massacres le président, sénateur Giovanni Pellegrino, a bien synthétisé le crime d’association subversive : "Nous avons plusieurs configurations de crime où ce qui compte n’est pas ce qu’on fait, mais ce qu’on projette et programme, ce qu’on dit et ce qu’on écrit. J’ai signalé aussi la possibilité que vis-à-vis de crimes associatifs de ce type l’hypothèse de concours extérieur, qui a été amplement utilisée pour le crime associatif de type mafieux, puisse être utilisée aussi en ces cas-là ... C’est comme s’il y avait presque une timidité à réutiliser ces instruments qu’au contraire le règlement nous fournit. Je pense que tels instruments pourraient être utilisés avec plus de dureté et intensité" (extrait des Actes officiels de la Commission).

6. La dégénérescence militariste des Brigades Rouges à partir de la seconde moitié des années 70 n’a pas seulement permis à la bourgeoisie d’isoler et de battre les BR, mais elle a laissé dans la classe ouvrière et dans les masses populaires un terrain favorable à l’action contre-révolutionnaire de la bourgeoisie qui consiste dans la dénonciation de toute politique révolutionnaire comme synonyme d’une politique faite d’attentats.

7. Voir le rappel 1.de "Les Six Lignes de démarcation"

8. Voir le rappel 2. de "Les Dix Mesures pour instaurer le socialisme"

9. Voir le rappel 3. du "Discours aux travailleurs avancés"